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Atelier - 23 rue Faidhherbe - 75011 Paris

Une jarre de terre cuite.
Des jarres. Pourquoi n’avoir de cesse de peindre des jarres...
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Telle une pierre brute.
D’emblée, je suis pris de vertige...
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A la ligne du Féminin.
Vu de loin, la surface est presque monochrome tant les effets de texture sont délicats...
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A la source impalpable
des sensations.

Comme si elles répondaient à une éthique les toiles de Pessin...
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Hors du temps.
Les yeux fermés je passe en revue mentalement les tableaux de Pessin...
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Il faudrait relever les empreintes, parcourir les traces, marquer les indices et les effacements au lieu de suivre les lignes. Il faudrait emprunter au hasard de ses yeux un chemin dans les poussières d’ocres et de brumes.
Se prêter à voir sans discerner ni chercher à concevoir. Voir comme on peut toucher. Se souvenir de l’ombre qui donne vie à la lumière et des apparences trompeuses, toujours... Et voir, voir encore. Se laisser emporter par le jeu et l’émotion, céder une fois de plus à la fascination du voir… Déposer ses clés de lecture usuels comme un soldat ses armes pour entendre la vibration des textures et les voix hésitantes de sa mémoire… Pourquoi ne pas s’abandonner à la douce fièvre hypnotique, de celle qui vous vient quand vous ne parvenez plus à détourner votre regard des flammes d’un bûcher ? Là-bas des terres fertiles. Sur la toile une peau respire, transpire. Il faudrait se souvenir de la rondeur des corps enlacés, de nos doigts tremblants sur des courbes inconnues, de la confusion de nos premiers émois amoureux.
Alors à contempler ces toiles, à entrer en connivence avec leur intériorité, je vous le dis, une énergie à l’érotisme archaïque et viscéral peut s’infiltrer en vous et la voix distincte de la peinture de Francis Pessin se faire entendre.
Il faut le reconnaître pour mieux s’en défaire. D’un coup d’oeil furtif, on pourrait juger cette peinture austère de rythme et de sujet. On pourrait la reléguer à des d’impressions d’Afrique. Ne lui octroyer, tant elle se montre discrète et harmonieuse, qu’une valeur esthétique à des fins ornementales. Ce serait une erreur. Si sa palette est réduite, l’oeil en écoute aux jeux de couleurs et de lumières ne résistera pas longtemps aux effervescences chromatiques denses et complexes qui parcourent la toile et qui la travaillent. Les formes, les unes si harmonieusement courbes, les autres si rectilignes, semblent couler de source, rejoindre l’évidence et de n’avoir jamais été le résultat d’une volonté. Quelle erreur ! Un regard plus tard, vous reconnaîtrez certaines d’entre elles comme le fruit probable d’innombrables repentirs. D’autres puissantes et fermes vous feront l’effet de celles qui se dessinent dans la chair sous le bistouri d’un chirurgien. Vous entendrez encore "Vous pouvez voir sur ces toiles, toujours ces mêmes thèmes à géométrie variable ! Sur cette toile, une poterie de grande taille. Sur celle-ci, un galet. Sur cette autre, le contour d’une femme, poitrine, hanches, fessier… Sexe ! Et ainsi de suite ! Des tableaux comme autant d’impressions d’Afrique". L’horreur… Faut-il être dépourvu de distinction et de sensibilité pour ne reconnaître dans ces formes qu’une répétition dénuée de sens.
Jarre, pierre, corps de femme… Ne faudrait-il pas voir plutôt ces objets comme autant de figures de cristallisation pour interpréter, interpeller toujours avec plus d’ardeur, pour embrasser encore et toujours un espoir, une quête. Comme une idée fixe, celle-là même qui vous échappe encore quand on croit la saisir et qui n’a de cesse de vous hanter jour après jour…

Texte de Gabriel Azoulay